Toute maladie est éprouvante aussi bien physiquement que mentalement. Lorsque nous souffrons, il n’est pas toujours facile de nous confier, de libérer nos émotions. Pourtant, c’est indispensable car si nous gardons tout en nous, cela ne fait que renforcer l’anxiété. Lorsqu’il est difficile de parler de ce que nous ressentons, l’écriture est un très bon moyen de dire ce que nous n’arrivons pas à exprimer oralement. Qu’il s’agisse d’écrire uniquement pour soi ou bien d’être lu, de nombreux supports existent pour extérioriser nos maux par les mots. En participant à des ateliers d’écriture, en écrivant dans un journal de bord, un blog, etc., l’écriture peut réellement nous aider à lutter contre la maladie. Pour écrire cet article, je me suis inspirée de livres ou d’articles de blogs que des personnes ont publiés pendant ou après leur pathologie, et qui montrent à quel point écrire peut être salvateur.
Combattre la maladie avec l’écriture pour extérioriser vos émotions
Lorsque vous avez du mal à exprimer oralement ce que vous ressentez, l’écriture permet de poser à plat tout ce que vous endurez pour éviter de vous laisser submerger par vos émotions : les questions que vous vous posez, vos angoisses, vos incertitudes, votre colère, votre tristesse, votre peur du regard des autres, mais aussi vos espoirs. Le fait de coucher sur le papier tout ce qui vous passe par la tête apaise votre mental, ce qui favorise la détente, le sommeil, et peut même réduire la douleur physique que vous éprouvez.
L’écriture soulage un peu la souffrance, elle comporte de nombreuses vertus thérapeutiques, et vous aide à aller de l’avant.
Deux de mes amies ont souffert d’un cancer du sein. L’une d’entre elle est très réservée, elle n’aime pas se confier. Je pense qu’elle a l’impression d’être quelqu’un de faible si elle ose exprimer ses émotions. Lorsque cette maladie lui est tombée dessus, j’ai pris soin de prendre de ses nouvelles quasiment tous les jours. J’essayais de l’aider à se libérer émotionnellement, mais il n’y avait rien à faire. Elle ne lâchait rien, j’avais l’impression d’avoir un mur en face de moi. Il y a seulement un jour où elle m’a dit : « C’est bizarre, je ne comprends pas pourquoi je me sens angoissée. » J’avoue que cette remarque m’a un peu interloquée. Elle avait une maladie grave, et elle ne trouvait pas normal de s’en inquiéter. C’est là que je lui ai proposé de prendre un cahier et de noter quotidiennement tout ce qu’elle n’arrivait pas à dire. Je lui ai aussi dit que ce cahier serait son jardin secret, qu’elle n’était pas du tout obligée d’en informer qui que ce soit.
Comprendre que vous avez des ressources pour vous en sortir
En écrivant sur vous, vous faites aussi ressortir vos ressources personnelles ainsi que votre pouvoir de résilience. Petit à petit, vous pouvez vous rendre compte que vous disposez d’une force intérieure pour faire face.
Peut-être avez-vous le sentiment d’être fragile, de ne pas être capable de gérer les situations difficiles. Mais face à cette maladie, vous serez surpris de voir à quel point vous avez vos propres capacités pour la combattre. L’écriture vous aide à prendre conscience de ce fameux potentiel grâce à un travail d’introspection.
Vous comprenez mieux ce qui se passe en vous, car vous prenez le temps de ressentir les choses. Cela vous aide à mieux accepter et affronter la situation, à prendre du recul par rapport à votre maladie. Malheureusement, c’est souvent quand la santé nous fait défaut que nous prenons enfin le temps d’écouter ce que notre corps a à nous dire. La maladie nous permet alors de faire notre ménage intérieur. Si tel est votre cas, le journal intime peut être un bon moyen de comprendre les messages que votre corps vous envoie.
Pour combattre la maladie grâce à l’écriture, vous pouvez aussi vous tourner vers des petites activités créatives. Je vous propose d’ailleurs un petit jeu d’écriture : imaginez que vous vous rendiez chez un guérisseur, qui vous propose d’écouter votre histoire en toute bienveillance. Ensuite, il pose ses mains sur la partie malade de votre corps pour lui transmettre une chaleur bénéfique. Réfléchissez à cet échange que vous pourriez avoir avec cette personne, et écrivez vos idées sous forme de dialogue. Pour conclure, notez tout ce que vous avez retenu de cette rencontre.
Ce petit exercice d’écriture a pour but de vous aider à écouter ce que votre corps veut vous transmettre.
Et même si pendant votre séance d’écriture, vous vous confrontez de nouveau aux évènements douloureux, cela apporte du positif, car vous apprenez à vivre avec cette maladie. L’écriture vous aide à ne plus la rejeter, mais à avancer avec elle en mettant en place des solutions.
Créer du lien avec autrui
Écrire vous permet d’avoir des échanges avec les autres. Ce peut être par mail, dans des lettres, sur les réseaux sociaux, etc. Vous confiez ce qui vous fait souffrir, vos lecteurs sont touchés par votre expérience, ce qui vous aide à sortir de la solitude. Ces nouvelles rencontres peuvent aussi vous aider à ouvrir de nouvelles portes.
Si vous ressentez le besoin d’écrire tout en étant soutenu par d’autres, les ateliers d’écriture sont bien adaptés puisqu’ils proposent des activités basées sur la bienveillance, l’écoute, et le non-jugement. Il est possible de s’exprimer à l’écrit en toute liberté. Vous ne souffrez plus seul dans votre coin, vous êtes entendu. De nombreux organismes comme l’association RoseUp proposent ce type d’ateliers.
Écrire pour sensibiliser et informer
Que ce soit en écrivant sur un blog, en faisant le choix d’écrire un livre sur votre maladie, voire en communiquant sur les réseaux sociaux, vous pouvez transmettre votre vécu en sensibilisant les autres et en donnant des informations fiables pour que ceux qui sont également malades avancent dans leur parcours avec un peu plus de clarté.
Vous pouvez raconter :
- l’annonce du diagnostic ;
- comment se passe une consultation ;
- vos questionnements (« Pourquoi cela m’arrive-t-il à moi ? Est-ce que je vais m’en sortir ?) ;
- les hauts et les bas ;
- votre parcours de soins ;
- les effets secondaires de vos traitements ;
- les accompagnements possibles pendant cette période douloureuse ;
- la prévention de la maladie ;
- des conseils et astuces pour accéder à un mieux-être (activités sportives, art-thérapie, par exemple) ;
- etc.
En vous lisant, vos lecteurs auront peut-être envie, eux aussi, de combattre la maladie grâce à l’écriture.
En partageant des informations, vous brisez aussi les tabous qui peuvent peser sur la maladie. En effet, celle-ci fait peur, elle nous renvoie à notre propre fragilité, c’est pourquoi il est difficile de la regarder en face. Le fait de communiquer sur ce sujet permet de rompre les préjugés, de lutter contre la désinformation.
Certains malades ont fait le choix de l’humour en écrivant un livre sur leur maladie afin de dédramatiser le sujet. Vous trouverez quelques références de livres à la fin de l’article.
Aider ceux qui souffrent avec des messages d’espoir
En écrivant un livre, des articles sur votre blog, etc., vous apportez également votre soutien à ceux qui souffrent, tout comme vous. Cela les motive à continuer à se battre, car ils sentent qu’ils ne sont pas seuls.
En soutenant les autres, cela fait du bien, et vous prenez confiance. Ils comprennent qu’il est tout à fait normal de ressentir des émotions, d’avoir envie de pleurer, de hurler.
En lisant comment vous avez vécu votre expérience, vos lecteurs comprendront mieux leurs propres angoisses. Les personnes malades ont besoin de se sentir comprises, de prendre conscience qu’il est possible d’avoir des plaisirs simples et de vivre des moments de joie malgré la maladie.
Vous pouvez montrer que chacun peut retirer du positif de cette situation, et devenir acteur de sa maladie plutôt que de la subir. Souvent, les personnes qui ont été malades en ressortent différentes, relativisent mieux, et se concentrent sur l’essentiel.
Et parfois, vous vous dites : « J’aurais tellement aimé avoir ce type de livres entre les mains pour pouvoir être soutenu et mieux comprendre les choses lorsque je suis tombé malade. »
Écrire pour changer le regard sur la maladie
Parfois, l’entourage n’a pas conscience de ce que vous vivez en tant que malade. Notamment, lorsque la maladie est terminée, les proches ou amis ne comprennent pas toujours pourquoi vous continuez à être inquiet, car pour eux la page est tournée. C’est le moment de leur expliquer à quel point la maladie est traumatisante pour celui qui la subit, et que vous n’êtes pas à l’abri d’une rechute. Les proches peuvent aussi trop s’apitoyer, ou au contraire, fuir parce qu’ils ont peur.
Ils n’ont pas non plus toujours les bons propos pour vous soulager : « Si tu veux t’en sortir, il faut que tu penses positivement. » Certaines phrases font plus de mal que de bien.
Tant que les personnes n’ont pas vécu la maladie, il peut être difficile pour elles de comprendre toute la souffrance ressentie.
Témoigner grâce à l’écriture permet à vos lecteurs de rejoindre votre vision du monde et de modifier le regard sur votre maladie. C’est l’occasion d’expliquer vos besoins, ce que vous attendez de ceux qui vous entourent, comment ils peuvent vous épauler.
Grâce à ce témoignage, les personnes non touchées par la maladie prennent également conscience de la valeur d’être en bonne santé.
Cela peut même être utile pour les soignants, car ils comprennent ainsi mieux ce que peuvent ressentir leurs patients. Souvent, les malades trouvent que les médecins ne font pas suffisamment preuve d’empathie, qu’ils peinent à se mettre à la place des personnes qu’ils soignent.
De plus, en lisant vos écrits, ils prendront conscience de l’importance d’utiliser l’écriture pour lutter contre la maladie.
Je me souviens que lorsque l’une de mes amies a été guérie d’un cancer du sein, elle m’avait fait part que ses proches ne comprenaient pas pourquoi elle continuait d’être très angoissée. Pour eux, le calvaire était terminé et il fallait qu’elle passe à autre chose. Ils n’avaient pas conscience de la peur qu’elle pouvait ressentir face à un risque de rechute. Pour sa famille, cela ne servait à rien qu’elle s’inquiète pour l’avenir, il lui suffisait de profiter de la vie de nouveau. Cette incompréhension la faisait beaucoup souffrir.
Se libérer lorsque l’on est un proche du malade
Combattre la maladie avec l’écriture est également bénéfique si vous êtes un proche ou aidant d’une personne malade.
Parfois, vous négligez votre propre santé pour vous occuper d’un enfant, d’un parent, etc., vous souffrez de solitude, vous manquez de soutien.
Même si aider l’autre est essentiel, il n’en demeure pas moins que les risques d’épuisement psychique et physique sont importants.
C’est pourquoi raconter par écrit ce que vous vivez au quotidien, vos peurs, mais aussi vos espoirs, peut vous permettre de vous libérer d’un poids.
Que vous souhaitiez prendre la plume pour vous libérer émotionnellement ou pour être lu, vous constaterez sûrement que l’écriture est d’une aide précieuse pour combattre la maladie.
Si vous avez l’envie d’écrire un livre sur votre maladie ou celle d’un proche, les biographes sont là pour vous aider à coucher votre histoire sur le papier si vous ne vous sentez pas de vous lancer seul dans cette aventure.
En tant que biographe, j’ai déjà eu l’opportunité d’écrire un livre pour une femme qui a souffert d’une très grave pancréatite aiguë avec un coma qui a duré plusieurs semaines. Si vous le souhaitez, je me ferai un plaisir de vous aider à réaliser votre livre. Vous avez des questions ou bien vous avez envie de me parler de votre projet de biographie ? N’hésitez pas à me contacter !
Sources jeux d’écriture :
Le nouveau Journal Créatif, à la rencontre de soi par l’écriture, le dessin et le collage, Anne-Marie Jobin.
Une BD qui aborde le cancer avec bienveillance et humour :
J’peux pas j’ai chimio, Alexandra Brijatoff et Camille Hoppenot, Marabulles.
Je vous propose aussi un livre écrit par une femme qui a dû lutter contre un cancer du sein :
Combattante, Isabelle Guyomarch, Le Cherche midi.