Lorsqu’une histoire de vie est marquée par le handicap, le quotidien est souvent un parcours semé d’embûches. Écrire un livre sur son handicap ou celui d’un proche est un bon moyen de se libérer émotionnellement, de sensibiliser, et de partager son expérience. En mettant à plat ses combats, ses espoirs et victoires, il devient alors possible d’apaiser les incompréhensions, dans un monde qui s’est surtout construit pour les personnes valides. Dans cet article, je vous montre en quoi l’écriture est une formidable opportunité d’exprimer sa vision de la vie, et de faire enfin entendre sa voix.
Écrire un livre sur son handicap pour faire un travail d’introspection
Écrire sur soi apporte souvent des bienfaits thérapeutiques non négligeables. C’est l’occasion de mieux comprendre ce qui nous arrive et de mieux accepter des situations difficiles. L’écriture est en effet un bon outil pour extérioriser des émotions refoulées, trouver de nouvelles portes à ouvrir. Elle permet tout simplement d’exprimer ses maux à travers les mots.
J’ai eu l’opportunité d’écrire la biographie d’une femme qui a eu une sévère dépression post-partum ainsi qu’une grave maladie. Ce livre lui a permis de libérer ses émotions et de mieux digérer cette période si difficile de sa vie.
Sensibiliser aux difficultés liées au handicap
Lorsqu’une personne vit avec un handicap, elle évolue dans une société qui n’est pas toujours adaptée à ses propres besoins :
- les parents d’un enfant en situation de handicap doivent souvent se battre pour qu’il puisse être admis à l’école et bénéficier d’accompagnements adaptés (même si une loi de 2005 est censée favoriser cette inclusion) ;
- les démarches administratives permettant d’obtenir des aides sont très lourdes ;
- les discriminations liées au handicap sont nombreuses lorsqu’il s’agit de trouver un emploi, un logement, etc.
- L’accessibilité aux transports en commun et aux divers espaces publics est un combat permanent.
Bref, les personnes en situation de handicap sont chaque jour confrontées à ces difficultés, celles-ci s’ajoutant à une souffrance physique et psychique déjà bien présente.
En écrivant leur livre, elles ont ainsi la possibilité de sensibiliser les autres sur ce qu’elles vivent au quotidien.
Elles font part de l’impact de ces diverses façons de vivre : la lutte contre la mucoviscidose, la vie en fauteuil roulant, le quotidien d’un autiste, etc.
L’écriture permet de partager toutes ces expériences, de rompre avec les incompréhensions, et de faire prendre conscience de toutes ces réalités.
Avant d’exercer le métier de biographe, j’ai travaillé deux ans en école primaire pour accompagner trois enfants en situation de handicap. L’un d’entre eux était dysphasique, ce qui signifie qu’il était atteint d’un trouble sévère du langage oral. Comme il peinait beaucoup à trouver ses mots, il était agité et avait du mal à se concentrer. Parfois, il émettait de petits cris pour essayer de se faire comprendre, ce qui agaçait fortement l’enseignante. Elle avait beaucoup de mal à comprendre pourquoi il se comportait de la sorte et avait tendance à le repousser. Je me souviens que c’était très dur pour lui de sentir cette discrimination alors que son comportement difficile était simplement le reflet de toute la souffrance qu’il ressentait.
Écrire un livre sur son histoire pour changer le regard sur le handicap
Souvent, le handicap met mal à l’aise ou fait peur : les cris, les respirateurs artificiels dont dépendent certaines personnes en situation de handicap, etc., tout cela peut générer de l’angoisse chez les personnes valides.
De plus, inconsciemment, cela renvoie à la crainte de se retrouver un jour dans la même situation. Le handicap met à jour notre propre vulnérabilité (tomber malade, vieillir, mourir, par exemple).
Les personnes n’étant pas en situation de handicap peuvent également ne pas savoir comment s’y prendre, et avoir des réactions inadaptées. Elles font alors preuve de rejet parce que la souffrance de l’autre est difficile à supporter, par exemple.
Les discriminations sont aussi très présentes par rapport au handicap invisible : épilepsie, diabète, troubles auditifs, troubles psychiques, etc. Les gens ont tendance à les minimiser et à avoir des réflexions très blessantes comme : « Ce n’est pas grand-chose, tu pourrais faire un effort ! »
Écrire sur son handicap permet de lever les tabous, de briser les préjugés, d’aider les individus à accepter la différence, à ne plus la voir comme quelque chose de dangereux.
L’écriture est un puissant moyen de créer du lien, de porter le message que nous sommes tous différents, que nous soyons en situation de handicap ou non. Nous avons tous des fragilités, mais aussi des ressources personnelles.
Écrire sur soi est l’occasion de montrer que même avec un handicap, la personne ressent les mêmes émotions que les autres, a des besoins identiques (créer du lien, se sentir aimée, etc.), a des passions. Elle a donc beaucoup de choses à partager et à offrir.
Lorsque je travaillais avec des enfants en situation de handicap à l’école, j’ai pu constater la méfiance de certains élèves parce qu’ils avaient peur des cris, de l’agressivité. Je pense qu’ils se sentaient en danger. J’ai pris le temps de leur expliquer que ces comportements étaient dus au fait qu’ils n’arrivaient pas à s’exprimer ni à se faire comprendre, ce qui générait de la colère, mais qu’il ne s’agissait pas du tout d’actes de violence envers les autres enfants. Les élèves ayant été sensibilisés, ils se sont tournés plus facilement vers ces enfants en situation de handicap.
Porter des messages d’espoir grâce à l’écriture d’un livre
Face au handicap, les individus déploient des forces phénoménales pour s’en sortir. Par exemple, une personne valide qui devient handicapée suite à un accident va devoir faire un énorme travail pour accepter son nouveau corps.
Écrire un livre sur le handicap permet de montrer qu’il est possible d’aller de l’avant, de s’épanouir malgré les nombreuses embûches. D’ailleurs, de nombreux livres ont déjà vu le jour sur le sujet, vous en trouverez une référence à la fin de cet article. Je crois aussi que les Jeux paralympiques de 2024 nous ont donné à tous une bonne leçon de vie. Par exemple, le nageur brésilien Gabriel Dos Santos Araujo, né sans bras et avec des jambes atrophiées, qui a obtenu trois médailles d’or.
Expliquer ses réussites est une formidable occasion de donner du courage aux personnes qui souffrent.
Parler du handicap d’un proche pour se libérer émotionnellement
Les personnes qui s’occupent d’un proche porteur d’un handicap connaissent également la détresse, car elles le voient souffrir, subir le rejet, etc. Qu’il s’agisse d’un enfant, d’un parent, le quotidien est parsemé d’épreuves, et de nombreuses questions se posent : « Comment fera-t-il lorsque je ne serai plus de ce monde ? » Tout cela est extrêmement anxiogène. C’est pourquoi écrire un livre sur l’autisme de son enfant, sur le handicap visuel d’un parent ou tout autre handicap, permet de lâcher-prise, de libérer toutes les émotions difficiles, de poser à plat les questionnements, mais aussi tous les petits bonheurs partagés malgré la douleur.
Écrire un livre sur son handicap est ainsi un moyen de faire découvrir ses combats, mais aussi ses espoirs et ses réussites. C’est un peu un livre de partage dans lequel la personne peut enfin se sentir entendue.
Vous êtes en situation de handicap, vous aimeriez écrire votre biographie, mais vous avez besoin d’un accompagnement ? En tant que biographe, je me ferai un plaisir de vous aider à concrétiser ce beau projet. Mon expérience auprès d’enfants en situation de handicap m’a permis de prendre conscience des diverses problématiques et de l’importance d’oser faire entendre sa voix. Lors de nos entretiens, je vous aiderai à structurer vos idées et à mettre des mots sur vos émotions. Vous avez envie d’en savoir plus ? N’hésitez pas à me contacter afin que nous prenions le temps d’en discuter.
Je vous propose un livre touchant sur une jeune femme qui se retrouve en fauteuil roulant suite à un accident de voiture :
- Ça n’arrive qu’aux autres (enfin presque), Daphnée Gagnage.